Des euréliens sur les mers
Coordonné par Juliette Clément, ce livre met en lumière des euréliens qui au ont participé aux grandes aventures maritimes des XVIIIe et XIXe siècle, l’extraordinaire expédition Lapérouse, d’une part et la navrante mission de la Méduse, celle du radeau… d’autre part. La Société Archéologique d’Eure et Loir avec Juliette Clément, Alain Denizet, Jean Guillou et Jean Paul Lelu présente la destinée de ces hommes, liée à l’Histoire. Simon Lavo fut l’un d’entre eux.
Simon Lavo et l’expédition Lapérouse
Jusqu’à la parution de l’article en 2005 dans la revue de la SAEL, Simon Lavo était le seul membre de l’état-major de l’expéditions Lapérouse dont on ignorait les racines géographiques et sociales. Alors, qui est Simon Lavo ?
Simon Lavo est né à Germignonville en 1755, petit village de Beauce situé entre Chartres et Orléans. Son père pratique la double activité de marchand et de laboureur. La famille Lavo est aisée car elle possède plus de 30 hectares, 4 « manoirs » et les biens de la boutique où l’acheteur trouve tout aussi bien des sabots, des tissus que des livres de prière et d’histoire ou encore du tabac de Virginie.
Un beauceron engagé dans la Marine du roi
Après des études de chirurgie et avoir exercé à Germignonville, Simon Lavo est requis en 1777 comme chirurgien major de la Marine à la suite des guerres que la France mène contre l’Angleterre aux Indes et aux Etats-Unis : il faut armer de nombreux bateaux. Son travail est désormais de soigner les blessés et de veiller à la santé des équipages menacé notamment par le scorbut. De 1781 à 1784, lors de la campagne des Indes sur le Héros, vaisseau de Suffren, il donne toute la mesure de son talent. « Si tous les officiers de santé lui eussent ressemblé, l’escadre aurait perdu infiniment moins de monde » écrit Suffren.
Entre deux expéditions, Simon revient régulièrement au village où sa présence est attestée en 1777, 1784 et en février 1785. Désormais personnalité du village, il suscite l’admiration née des récits où font irruption peuples inconnus et combats héroïques menés avec Suffren.
Simon Lavo, Chirurgien-major de l’expédition Lapérouse
En 1785, Simon Lavo est retenu pour participer à la plus grande expédition maritime et scientifique du siècle dirigée par Lapérouse. Simon Lavo, le beauceron de Germignonville, fait ainsi partie des premiers européens à reconnaître les côtes de l’Amérique du Nord, du Japon et de la Tartarie.
Simon Lavo, homme des Lumières
À ses qualités reconnues de chirurgien, il ajoute un talent auquel rend hommage Lapérouse. « Simon Lavo avait une sagacité particulière pour s’exprimer et comprendre les langues étrangères » dont il use pour composer un lexique qui permet à Lapérouse d’établir le contact avec les habitants des îles Kouriles.
À terre, Simon « s’occupe de collection de plantes », écrit des lettres à sa famille, mais deux escales sont marquées par des incidents : en 1786, Simon Lavo repousse au fusil une attaque d’indiens en Alaska. Surtout, en 1787, Simon Lavo réchappe de peu à une attaque de « naturels » de Manoua en se sauvant à la nage malgré une blessure à la tête qui nécessite une trépanation.
Le naufrage de 1788
L’expédition Lapérouse est sans retour. En 1788, les deux navires se fracassent sur les récifs de l’île de Vanikoro dans le Pacifique. On sait qu’il y eut des survivants dont peut-être Simon Lavo. Car selon un récit édité à New York en 1844, il aurait abordé les îles Vitu, au nord de la Nouvelle-Guinée-Papouasie, où il aurait fait souche puisque l’auteur affirme y avoir rencontré en 1834 sa fille et son fils.
Cette hypothèse fait rêver : le natif de Germignonville serait ainsi le seul rescapé connu de expédition Lapérouse