sélections faits divers

Ces étrangers jugés « indésirables » à Chartres, en 1937…

Ces étrangers étaient jugés "indésirables" à Chartres, en 1937...

La foire de la Saint-André dans les années 30. Photo : cercle philatélique chartrain.

Deux courts articles de janvier 1938 classés dans la rubrique des faits divers de La Dépêche d’Eure-et-Loir. Un Espagnol et deux « Israélites » [sic] sont jugés pour des infractions commises en 1937 à Chartres lors de la foire de la Saint-André.

Rétrospectivement, l’article fait frémir. Il dévoile l’antisémitisme qui sévissait en toute impunité dans la presse française avant-guerre.

Toujours le jour de la Saint-André, la police appréhende à la gare deux « Israélites » porteurs d’un panneau rédigé en français et en allemand sur lequel ils demandaient aide et assistance pour gagner la Palestine, où avaient déjà émigré près de 300.000 juifs. L’un était originaire de Leipzig, l’autre de Mlawa qu’il avait fui pour échapper à un pogrom (4) : « Où voulez-vous que j’aille, dit-il au juge, tous les jours en Pologne, ce sont les cris : “mort aux juifs !” En Allemagne, il y a Hitler et en Italie, Mussolini. »

Rien pour émouvoir le journaliste, ironique : « Naturellement, restait la France et un vieux dicton juif ne dit-il pas “Heureux comme Dieu en France” ».

Classés « nomades », les deux hommes n’avaient en poche qu’une autorisation de solliciter des papiers qui leur avait été délivrée par le consulat polonais de Strasbourg.

« Inutile de s’étonner que la France contienne tant d’indésirables », se lamenta le faitdiversier.

Vajsbrod Mordka Hertz et Gothelf Gdala furent condamnés à quatre mois de prison pour « vagabondage, défaut de carnet anthropométrique » et « pour avoir voyagé en chemin de fer de Maintenon à Chartres sans avoir acquitté le prix du parcours ». Gothelf Gdala est mort à Auschwitz, en juillet 19421.

Sans surprise, La Dépêche d’Eure-et-Loir fut pendant la guerre le soutien du régime de Vichy et de sa politique antisémite.

Xénophobie, racisme. Ces deux faits divers renseignent sur l’atmosphère troublée des années d’avant-guerre. Et engagent à s’interroger sur notre époque.

Lire la suite : elle concerne des « indésirables » espagnols.


1975, cet infanticide jugé à Chartres, à l’aune de la loi Veil

Cet infanticide jugé à Chartres, à l’aune de la loi Veil

Jean Pierre Doret, l’avocat de Martine V.

Quand le 23 septembre 1975, Martine V. quitte la prison où elle est incarcérée depuis seize mois, c’est pour affronter la cour d’assises.
La jeune femme de 26 ans doit répondre d’un infanticide commis le 20 avril de l’année précédente.

Si cette affaire est éminemment criminelle, elle est aussi emblématique de la détresse sociale et psychologique des jeunes femmes enceintes, célibataires et sans soutien et, pour cette raison, elle s’inscrit dans le contexte du droit à l’avortement.

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Le Crédit Mutuel de Bonneval, théâtre d’un hold-up… en 1964 par le roi des caïds.

Saviez-vous que le Crédit Mutuel de Bonneval a été le théâtre d'un hold-up... en 1964?

Bernard Madeleine lors de son arrestation en 1964. Ce caïd à l’ancienne – le moins de sang possible – passa plus de 40 ans en prison.

Le 22 janvier à 15 heures 30, une 403 se gare rue de Grève non loin de la succursale du Crédit Mutuel. L’épouse du directeur fait ses comptes, sa petite fille à ses côtés. Calme plat, aucun client. Tout à coup, trois individus, coiffés de casquette et le visage dissimulé des passe-montagnes, font irruption. Le premier saute par-dessus le comptoir, braque son arme sur la femme, la somme de lui remettre le million de francs de la caisse. Dans le même temps, un second gangster se rue au fond de l’agence, dans le bureau du directeur, où repose le coffre-fort. « Ouvrez-le en vitesse et pas un mot », ordonne-t-il à l’épouse terrorisée qui exécute les numéros de la combinaison. Quatre millions en billets de 10 000 et de 5 000 francs sont enfouis dans une serviette.

Puis, les trois hommes disparaissent à bord de la 403 où les attend un quatrième complice. Un voisin a la présence d’esprit de relever le numéro d’immatriculation et l’épouse, que les braqueurs, n’ont pas ligotée, alerte immédiatement la gendarmerie et la direction de la Caisse fédérale. Mais la fine équipe échappe à tous les contrôles routiers et la 403, volée le matin même à Blois à l’aumônier de la prison, est retrouvée le lendemain à un kilomètre de la piscine de Bonneval sans autre indice qu’une des trois casquettes…

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Quand les lions faisaient les témoins de mariage, Brou, 1951

Les fauves de la ménagerie font leur cirque à Chartres et Brou

On distingue derrière la mariée une première crinière tandis que derrière le marié – dompteur – un lion tient la garde. Sagement.

Brou,10 novembre 1951. Les lions sont en cage, sagement assis sur leurs tabourets. Alors, pourquoi créent-ils l’événement ?

À chaque Toussaint, les circassiens de la famille Beautour se réunissaient dans ce bourg pour y honorer la mémoire de leurs disparus. Fidèles à leurs racines, ils le choisirent pour célébrer le mariage entre Alfredo, le dompteur, et Yolande Prin, la trapéziste.

Le samedi, les époux échangèrent leur consentement à la mairie, puis à l’église. Cependant, des milliers de personnes attendaient le clou du spectacle qui avait pour écrin le cirque lui-même.

 Les mariés avaient demandé au curé de bénir leur union dans la cage aux lions. Avec les lions !

Un événement si extraordinaire qu’il avait attiré les reporters des actualités cinématographiques : les mariés avaient demandé au curé de bénir leur union dans la cage aux lions. Avec les lions !

À 12 h 30, dans le chapiteau bondé, l’abbé Jaguin pénétra dans l’enceinte grillagée puis, en présence des mariés et de six lions, assis sous leur tabouret d’exercice (contenus du regard par un dompteur « des plus expérimentés », rassura L’Écho de Brou…), il récita les prières, leva les bras au ciel et donna la bénédiction au couple, soulevant alors une salve d’applaudissements.

Mariage heureux : en 2017, les cirques Beautour et Prin (Lydia Circus) perpétuent la tradition avec, parmi les artistes, des petits-enfants d’Alfredo et de Yolande.